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L'évolution du roman à travers les siècles

L'histoire du roman est indissociable des évolutions sociales, culturelles et même politiques qui façonnent, fabriquent et sculptent les sociétés à travers le temps et les âges. Le roman, longtemps relégué au rang du « divertissement pour dames » (les hommes préférant une littérature plus scientifique, laissant à leurs épouses, mères, ou filles, le libre choix de s’enliser dans des histoires qu’ils trouvent bien trop sentimentales pour ne pas dire mièvres !), fort heureusement, a vu progressivement s’attirer les titres de « noblesse » pour devenir le genre littéraire le plus lu aujourd’hui ! Et c’est heureux pour les hommes surtout ! Car se priver de la lecture d’un bon roman, c’est rater quelque chose, n’est-ce pas ? Mais revenons sur son évolution car c’est fascinant !





Au Moyen Âge, la littérature romanesque est fortement influencée par l'idéal courtois, qui célèbre les valeurs de la chevalerie et la quête de l'honneur. Les romans de cour, souvent écrits en vers, mettent en scène des chevaliers forts et valeureux qui accomplissent des exploits héroïques pour conquérir le cœur de leur dame (il y a comme un air de Mario Bros, non ?!). Mais tout d’abord, il faut savoir qu’à cette époque, la lecture est réservée à l’élite et à la noblesse uniquement. Apprendre à lire n’est pas une priorité, peu de monde y a accès. Le public est donc restreint et les lieux où l’on trouve lecteurs et écrivains sont les monastères ou les cours royales uniquement. Rien sur les tables de chevets, le « petit peuple » est privé de ce bonheur. D’ailleurs, le livre, tel qu’on le connait n’existait évidemment pas. Ils étaient écrits à la main (l’imprimerie de Gutenberg, c’est bien plus tard !), et sur des parchemins. Je citerai avec plaisir un roman qui illustre cette époque : Tristan et Iseult, que j’ai lu lorsque j’étais au lycée, composé en 1150 par Béroul, et recomposé par Thomas d’Angleterre en 1170 (lequel j’ai moi-même lu, je ne sais pas, mais j’ai en tout cas beaucoup aimé !).


À la Renaissance, le roman se transforme d’une part en roman d’aventure et d’autre part en roman humaniste. Nous sommes là sous de nouvelles influences. L'esprit humaniste, qui place l'homme au centre de l'univers (souvenons nous de nos cours de philo !), se reflète dans les romans d'aventures, qui célèbrent la liberté, la curiosité et l'esprit critique. Nous pouvons citer Rabelais et son Gargantua et Pantagruel, ou encore Montaigne. L’humour, la satire, l’ironie, sont utilisés pour critiquer les institutions et prôner la liberté et la tolérance (est-ce que ça a vraiment changé depuis ? Je me pose la question tous les jours !). Cependant, la Renaissance marque un élargissement du lectorat et ce grâce à l’invention de l’imprimerie par Guntenberg au XVe siècle (j’adore Guntenberg et le remercie régulièrement pour cette fabuleuse invention !). On lit à présent dans les universités et les bibliothèques, et la lecture devient une activité individuelle et silencieuse.


Le XVIIIe siècle voit l'arrivée du roman classique, qui se concentre sur l'exploration des mœurs et des sentiments. Je suis obligée de citer « Les Liaisons dangereuses » (1782) de Laclos, que j’ai adoré lire au lycée, mais moins lorsque mes enfants l’ont eu à leur tour à lire en classe de seconde. Heureuse de retrouver la littérature de ma jeunesse, j’ai compris qu’adulte, c’était moins facile de s’y replonger. Mais c’est très personnel ! Et vous n’aurez peut-être pas le même ressenti que moi. Ce roman dépeint en tout cas avec cynisme les jeux de pouvoir et de séduction de l'aristocratie. Si nous partons en Angleterre, Jane Austen avec son inimitable et mémorable « Orgueil et Préjugés » (1813) explore avec finesse les subtilités des relations sociales et amoureuses dans la société de son époque.


Et le romantisme arrive au XIXe siècle ! Un mouvement littéraire qui célèbre les passions dans tous les sens du terme. « Les Misérables » en 1862 de Victor Hugo, par exemple, est une fresque épique qui explore les injustices sociales et les tourments de l'âme humaine. Et en Angleterre, les sœurs Brontë, avec « Les Hauts de Hurlevent » en 1847, écrit par Emily Brontë, explore des thèmes sombres et passionnés (roman que je vous invite à découvrir de toute urgence si ce n’est pas déjà fait !).


En parallèle du romantisme, le réalisme et le naturalisme se développent et observent la société avec objectivité. « Madame Bovary » en 1856 du grand Gustave Flaubert dépeint la vie d'une femme insatisfaite et prisonnière des conventions sociales (je pense que nous trouverions ce thème aujourd’hui encore). Citons également « Germinal » (1885) d'Émile Zola, qui explore les conditions de vie difficiles des mineurs.


Telle a été l’évolution du roman à travers les siècles, jusqu’à l’époque moderne et contemporaine, la nôtre. Et c’est à nous à présent de poser d’autres règles, d’autres thèmes, car le roman suit l’évolution des sociétés, il s’interroge, essaie de répondre aux questions de chacun. Il invite à la réflexion, il instruit, fait rêver, voyager, il donne du plaisir, il fait éclore des émotions. Le roman d’aujourd’hui, c’est le roman qui explore la complexité humaine.


Questionnements identitaires, enjeux contemporains et ça commence déjà dans « À la recherche du temps perdu » (1913-1927) de Marcel Proust. Œuvre monumentale (ennuyeuse pour certains, je vous l’accorde) explorant la mémoire et les méandres de la conscience. « L'Étranger » en 1942 d'Albert Camus, quant à lui, explore l'absurdité de l'existence.

Aujourd'hui, le roman se caractérise par sa diversité et sa richesse. Les auteurs explorent des thèmes différents, les complexités humaines (je citerai Elena Ferrante que j’adore), l’identité, la mémoire de l’histoire, la critique sociale, politique (je citerai Margaret Atwood). Les auteurs explorent des styles novateurs aux perspectives multiples.


Des chevaliers du Moyen Âge aux questionnements identitaires contemporains, le roman a sans cesse évolué, reflétant les transformations des sociétés. Tout d'abord divertissement élitiste, puis genre majeur explorant la complexité humaine, il s’adapte à chaque fois aux époques qu’il traverse et je suis malheureuse de savoir que je ne saurai jamais ce qui s’écrira dans cent ans par exemple. Aujourd'hui, en tout cas, le roman, aussi riche que diversifié, continue d'interroger notre monde, témoigne de sa capacité à se renouveler et nous invite toujours à la réflexion.

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